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Snapchat, Facebook Poke et l’engouement pour le partage d’images « éphémères »

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Le logo de l'application Snapchat.

"Quooooiiiii, tu ne connais pas encore Snapchat ?" Normal : ce service communautaire pour smartphone commence seulement à faire parler de lui en France, avec quelques articles dans les blogs spécialisés, et, plus récemment, sur des sites comme Rue89 ou celui du Figaro.

Pourtant, aux Etats-Unis, Snapchat connaît déjà un réel succès. Fin octobre 2012, 20 millions de photos et vidéos étaient partagées chaque jour par ses utilisateurs sur sa seule version pour iPhone, régulièrement haut placée dans les classements d'applications gratuites sur l'App Store.

Depuis, Snapchat est sorti sur Android, ce qui ne manquera pas d'accélérer sa diffusion. Et a connu une publicité inespérée lorsque Facebook, désireux de récupérer le filon, a sorti un service quasiment similaire, "Facebook Poke" – rapidement désigné comme une copie de Snapchat par TechCrunch, Zdnet et beaucoup d'autres.

Le contrôle de sa vie numérique

Pourquoi une telle ferveur ? En raison de l'ajout d'une fonctionnalité essentielle dans le partage de photos et de vidéos à ses abonnés : l'évanescence des images. A la réception, ces dernières n’apparaissent sur l'écran du destinataire qu'entre 1 et 10 secondes, en fonction du choix préalable de l'expéditeur. Puis la photo, ou la vidéo, disparaît, et n'est en théorie plus accessible.

Extrait d'une publicité pour Snapchat.

Dans un billet de blog qui connait un certain succès, l'entrepreneur américain Josh Miller explique pourquoi sa petite sœur de 15 ans lui a prédit, il y a quelques mois, que Snapchat allait être le nouvel Instagram.

Selon elle, le service lui permet de partager autant qu'elle le souhaite des photos ou vidéos insignifiantes avec ses amis (elle prend l'exemple d'un homme dans un aéroport "endormi dans une position bizarre"), sans devoir être gênée ensuite par le fait que ces fichiers insignifiants, dérangeants, incongrus... restent en ligne sur Facebook, Twitter, Instagram, ou dans les MMS des destinataires.

Tout le monde a également en tête les usages possibles en matière de sexting (l'échange de photos plus ou moins osées et dénudées), ce qui expliquerait la popularité de l'application chez les adolescents américains.

Depuis sa sortie, en septembre 2011, les médias américains parlent d'ailleurs de Snapchat en tant que "sexting app" – ce qu'ont récemment démenti les créateurs de l'application (lire : I Don't Believe People Are Using My App For Sexting).

Image extraite d'un article sur Snapchat sur le site Gawker

Le site Recover reputation parle néanmoins d'une avancée importante dans le contrôle de sa vie numérique, avec une fonctionnalité pouvant limiter le détournement des images à caractère privées envoyées par MMS, mails, webcams..., et qui peuvent finir sur les blogs ou les réseaux sociaux.

Ce partage éphémère pose également quelques barrières dans le flot des millions d'images personnelles qui se déversent tous les jours en ligne... et y demeurent, pour le meilleur et pour le pire par la suite.

"Pour le fun"

Mais Recover reputation pointe également que plusieurs problèmes demeurent, notamment parce qu'il sera toujours possible de prendre en photo son téléphone au moment où celui-ci affichera l'image de Snapchat.

Par ailleurs, même si les journalistes de Rue89 sont formels quant au fait qu'il leur a été impossible de faire une capture d'écran des photos directement avec leur iPhone (Snapchat exigeant qu'on garde le doigt sur l'image reçue pour qu'elle s'affiche), plusieurs autres sites dont Buzzfeed ont, semble-t-il, réussi cette manipulation.

Recover reputation évoque également les questions que posent Snapchat et Facebook Poke en termes de maintien de la confidentialité et de la sécurité. Versons un instant dans la paranoïa primaire, en imaginant déjà des trafiquants et espions industriels en herbe qui souhaiteront utiliser des images éphémères pour communiquer des informations secrètes...

D'autres pourront penser plus sérieusement que cette fonctionnalité incite à la diffusion d'images choquantes, voire illégales, alors qu'on sait qu'elles disparaîtront quelques secondes après l'envoi, et qu'il sera difficile au destinataire de prouver quoi que ce soit.

Face à ces remarques, le créateur de Snapchat, Evan Spiegel, l'a assuré à TechCrunch : "Il s'agit essentiellement de faire en sorte que les conversations redeviennent fun."

A gauche, Evan Spiegel, cofondateur de Snapchat (via Business Insider).

Et les questions de sécurité ne semblent pas le préoccuper plus que ça, alors que le succès de ce type de services repose avant tout sur la certitude d'une disparition absolue des images envoyées.

"Les personnes qui apprécient le plus Snapchat sont celles en accord avec son esprit et sa finalité. Il y aura toujours des moyens de contourner ces technologies, mais ça gâche le côté fun !", expliquait-il récemment à Buzzfeed.

D'importantes failles

Et effectivement, plusieurs personnes ont remarqué qu'il était pour l'instant aisé de contourner le côté éphémère de ces partages de fichiers. Pendant un temps, la première version de l'application Android de Snapchat avait pour fâcheuse fonction de sauvegarder automatiquement tous les contenus envoyés dans les galeries d'images du téléphone utilisé. L'erreur a depuis été corrigée.

Puis Buzzfeed a révélé fin décembre qu'un utilisateur de Snapchat ou de Facebook Poke pouvait en fait récupérer toutes les photos et vidéos envoyées et reçues sur iPhone. Si ces dernières disparaissent de l'application, elles demeurent en réalité présentes dans ses fichiers temporaires stockés sur le smartphone, et donc accessibles grâce à de simples programmes de navigation dans l'arborescence des fichiers.

Le dossier où sont stockés les vidéos et images Snapchat (capture d'écran par Buzzfeed).

Facebook a assuré que la faille allait être corrigée, mais Snapchat n'a rien promis de tel pour l'instant, rendant toutes ces image certes plus discrètes, mais en rien confidentielles.

Techcrunch a également interrogé les équipes des deux services quant aux traces laissées par tous ces fichiers "temporaires" sur leurs serveursUne question qui soulève tant des soucis de sécurité que des questions d'ordre légal, alors que la justice a les moyens de réquisitionner des données dans le cadre d'une enquête.

Snapchat assure dans ses conditions d'utilisations que les images sont effacées "le plus rapidement possible" de ses serveurs – ce qui n'est pas vraiment précis. Facebook a répondu de son côté qu'il y avait une période de "90 jours" avant que le contenu en question, crypté sur ses serveurs, ne devienne "complètement illisible" – sauf s'il a été signalé comme abusif.

Michaël Szadkowski (@szadkowski_m)


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